Une coopérative, pourquoi faire ?
« Oxalis est une entreprise partagée et mutualisée qui appartient à ses coopérateur.trices. Depuis plus de 20 ans, nous contribuons à créer une économie au service des personnes, en favorisant un développement raisonné et respectueux de l’environnement et des individus. Plus de 250 femmes et hommes composent Oxalis, partagent, additionnent, multiplient leurs compétences, savoir-faire et expériences pour développer et consolider leurs activités économiques en solo et en collectif. Nous mutualisons les ressources et services nécessaires à nos activités, chacun.e peut ainsi se consacrer à ses projets tout en étant accompagné.e et sécurisé.e.
Nous aimons le changement et l’exploration de nouvelles formes d’organisation du travail. Oxalis est un projet d’innovation sociale, nous sommes à la fois coopérative d’entrepreneur.e.s, espace de coworking, incubateur de projets collectifs, accélérateur, start-up… et demain encore plus à imaginer. Nous développons un espace de coopération ou chacun.e est membre à part entière, et acteur.e de sa vie professionnelle. Nous aspirons à être une mutuelle de travail permettant à tou.te.s de concilier ses trajectoires professionnelles et personnelles tout en limitant les prises de risques. » (source : site internet d’Oxalis)
Pour moi, la coopérative est un espace où j’ai la chance de :
- Travailler dans plusieurs activités très différentes. Par exemple, j’ai été professeur d’acro-yoga, je fais de l’animation, des spectacles, de l’édition-diffusion, et pourquoi pas un jour de la photographie, de l’accompagnement thérapeutique ou
- Être co-propriétaire de notre outil de travail. C’est le principe même des coopératives : celles et ceux qui décident sont celles et ceux qui sont concerné·e·s. Terminé les actionnaires qui veulent juste de la rentabilité à court terme même si c’est pour tout détruire !
- Être accompagné par des professionnel·le·s compétent·e·s. Tout seul, je n’y arriverai pas : bilan comptable de fin d’année, stratégie commerciale, idées que je n’aurai pas eu tout seul, logiciel de facturation… Tout cela m’est apporté par l’équipe structure, et les entrepreneur·euse·s de mon groupe local.
Le salariat, pourquoi ?
Pourquoi choisir le salariat, alors que j’ai fait un burn-out quand j’étais ingénieur salarié ?
Dans mes différents emplois, où je touchais donc un salaire, il y avait toujours quelque chose qui clochait. Après un burn-out et quelques bonnes rencontres, j’ai compris : être employé, c’est-à-dire subordonné à un employeur, ne me convient pas. Et je crois comprendre que ça convient à de moins en moins de personnes car les conditions d’emploi ressemblent de plus en plus à de l’esclavage.
Mais l’esclavage est lié à l’emploi, pas au salaire. Il est possible d’être salarié sans être subordonné à une entreprise malade de pouvoir et de profit… Alors oui, ça me fait bizarre, mais je garde dans l’emploi la seule bonne chose : avoir un salaire en monnaie pour rémunérer mon travail !
Pourquoi choisir le salariat, alors qu’il existe le monde associatif à but non lucratif ?
J’ai travaillé en association pendant plusieurs années. Les associations font souvent le travail que pourrait, ou devrait faire l’État, et sont indispensables au fonctionnement de la société : s’il n’y avait pas de bénévoles pour rattraper les dégâts causés par les entreprises du CAC40, ce serait encore pire ! Cependant, à l’échelle de notre société c’est surtout la masse gigantesque de travail gratuit réalisé par des femmes (domestique, éducatif, ménager, etc) qui permet au système de ne pas s’écrouler : si on payait les femmes pour leur travail, comme dans une société civilisée, le capitalisme s’écroulerait…
Bref, dans le monde associatif, c’était toujours compliqué de récupérer l’argent de mon travail qui était sur le compte de l’association. Je n’avais pas vraiment de statut… Et je me sentais toujours mal de récupérer même un peu d’argent alors que c’est « à but non lucratif » et dans une tradition française de bénévolat systématique.
Pourquoi choisir le salariat alors qu’il est tellement simple d’être auto-entrepreneur·euse ?
Ah… L’auto-entreprise, c’est tellement pratique !
On parle de « charge », il y aurait « peu de charges ». Alors on ne paye presque rien, sauf dès qu’on a un problème, bien sûr ! Là on se retrouve tout·e seul·e, y’a aucune mutualisation collective du risque, c’est 100% pour ta pomme… L’auto-entreprise, c’est donc pour des « winners » : des gens qui ne sont jamais malades, qui ne prennent pas de vacances, et qui n’ont jamais de creux dans leur activité… Bref, pour des robots. Sinon, pour les humain·e·s, il y a la cotisation sociale, qui permet d’avoir un système de sécurité sociale
Chacun·e est sa propre entreprise, lancée dans la concurrence internationale, seule contre toutses, chacun·e contre chacun·e… Le paradis de la compétition, de la méritocratie… Et pendant qu’en bas de l’échelle sociale on se fait la guerre, les élites peuvent coopérer pour asseoir leur domination ! Parce-que ce qui marche, c’est la coopération, pas la compétition… Donc l’auto-entreprise, c’est la forme ultime du capitalisme financier, c’est transformer les humain·e·s que nous sommes en petits soldats de la finance, solitaires et pas solidaires.
Malheureusement beaucoup d’entre nous, faute d’options, se retrouvent obligé·e·s d’utiliser ce statut.
Pourquoi choisir le salariat, à l’heure où tous les gouvernements détruisent le droit du travail ?
Justement. Si le gouvernement, à la botte des banques, cherche à détruire quelque chose, c’est probablement ce que nous avons intérêt à protéger collectivement ! Voir les propositions du Réseau Salariat sur ces questions…
Le statut de salarié·e est celui qui, historiquement, a été le plus secoué par les luttes sociales, où les salarié·e·s ont conquis et défendu des droits collectivement. Le Conseil National de la Résistance, après la seconde guerre mondiale, a mis en œuvre notamment la sécurité sociale, une organisation démocratique, donc non-capitaliste, de notre santé. À l’époque où les syndicats permettaient vraiment d’établir un rapport de force avec le patronat, d’autres droits pour les salarié·e·s ont été écrits, appliqués, dans le droit du travail, les conventions collectives… C’est cet héritage-là que je souhaite défendre et étendre en étant salarié.
Je COTISE à la sécurité sociale !