Vous avez vu l’image d’ensemble de la carte, voici-dessous quelques « zooms » : ce que l’on voit si on s’approche jusqu’à pouvoir lire les noms des peuples…
Note : si vous vous rapprochez vraiment de la carte, vous pourrez voir ça et là des points gris clair à gris foncé. Explications ici !
Texte de l’auteur, au bas de la planisphère :
Il est bon parfois de renverser les évidences. Même s’il s’agit de l’Austral et du Septentrion.
Le Sud a toujours été considéré comme étant quelque chose qui se trouverait en bas, au fond…Le Nord, sa puissance économique et militaire, sa culture, étant forcément au-dessus. Dans l’espace interplanétaire, la notion de haut et de bas n’existe pourtant pas…
Au-delà du clin d’œil, une représentation graphique n’est jamais neutre ; elle porte en elle bien des jugements, bien des comportements. La vision offerte par cette carte, tout aussi exacte que tant d’autres, permet simplement, par son code, une autre approche de territoires et de peuples trop longtemps ignorés, trop souvent méprisés.
Le mode de projection retenu est celui d’Arno Peters qui repose sur une représentation mathématique précise où les proportions des surfaces sont enfin exactes, ce qui évite également aux continents du Sud d’être arbitrairement réduits. Le choix du centrage de la carte a été fait sur le continent africain, berceau de l’humanité.
Cette carte se veut également un hommage à la diversité. Notre planète a un fragile équilibre, résumé sur le dessin par l’indication schématique des principales zones naturelles. On sait hélas que certaines d’entre elles, comme les forêts, les prairies ou les mangroves, de même que tous les êtres qui y habitent, sont gravement menacés par l’activité humaine et par les dramatiques dérèglements climatiques que celle-ci a enclenchés. Il est urgent d’agir pour préserver cette biodiversité, patrimoine inestimable qui, au-delà de sa beauté, est également indispendable à la survie et au développement dans la dignité pour toute femme et tout homme.
Diversité des paysages, diversité de la famille humaine également. Cette famille ne peut être décrite par le simple découpage, souvent arbitraire, des États-nations actuels ; les frontières des États apparaissent telles des cicatrices héritées du passé, une grille, parfois douloureuse, plaquée sur une réalité humaine beaucoup plus mouvante et subtile. Cette carte insiste donc sur ce que les planisphères géopolitiques ont tendance à vouloir effacer : les peuples. Même s’ils paraissent innombrables sur ce dessin, bien des peuples y manquent pourtant encore. Toute transposition de la réalité étant forcément réductrice, il ne faut considérer cette carte que comme une approche première, une approximation. Par manque de place, par la difficulté de retrouver la trace exacte de certains groupes ou sous-groupes aux noms multiples, dispersés par l’Histoire, par la subjectivité même de la définition de peuple, des simplifications ont été parfois nécessaires. Ce travail, qui se veut simple veut simple témoignage, simple interpellation, n’a pas de prétention scientifique et ne demande donc qu’à être amélioré. Pour mémoire, il faut noter que chaque continent bénéficie de la présence de nombre de descendant·es de peuples émigrés. On pense en particulier aux Amériques ou à l’Océanie ; ce ne sont que pour des raisons de lisibilité que ces populations, qui ont souvent essaimé sur place en de nouveaux peuples indigènes, n’ont pu être inscrites. De plus, le brassage humain qui permet de féconds métissages culturels rend cette tribu humaine chaque jour plus complexe, mais aussi plus universelle, et nous rappelle qu’à la protection du particularisme de chacun·e doit s’ajouter la solidarité de toutes et de tous.
Il faut souhaiter que dans l’avenir ce planisphère ne s’appauvrisse pas par la disparition de peuples, de cultures ou de paysages, et que de futures éditions de cette carte puissent nous présenter notre fragile planète toujours aussi belle de diversité.
Gérard Onesta